« Ce n’est qu’à travers le mystère du Coeur blessé du Christ que celui qui aspire au bonheur authentique et durable peut en trouver le secret » Jean-Paul II
La Fête du Sacré-Cœur est célébrée le 3ème vendredi après la Pentecôte. Elle trouve son origine dans les apparitions du Christ à sainte Marguerite Marie Alacoque, religieuse à Paray-le- Monial. La dévotion au Sacré Coeur invite à fixer l’attention sur le cœur aimant de Jésus, compatissant et miséricordieux.
Sainte Marguerite Marie Alacoque
Marguerite Alacoque est la cinquième enfant de Claude Alacoque et Philiberte Lamyn, qui jouissaient d’une bonne position sociale. Dès sa première enfance, Marguerite fit preuve d’une dévotion particulière envers le Saint-Sacrement et elle préférait le silence et la prière aux jeux des enfants. À cinq ans, lors d’un séjour chez sa marraine, dont la fille était religieuse, elle entendit parler des vœux religieux, et fit, à l’insu de tous, sa première consécration à la messe où elle prononçait ces mots : « Ô mon Dieu, je vous consacre ma pureté et vous fais vœu de perpétuelle chasteté ». Après sa première communion, à l’âge de neuf ans, elle pratique en secret des mortifications sévères de son corps, avant que la paralysie ne la cloue au lit pendant quatre ans.
À la fin de cette période, ayant fait le vœu à la Vierge de se consacrer à la vie religieuse, elle se serait retrouvée guérie sur-le-champ. Par reconnaissance, elle ajouta, le jour de sa confirmation, le prénom Marie à son nom de baptême.
Devenue orpheline de père, elle fut recueillie avec sa mère chez des parents qui les tourmentaient, leur ôtant tout contrôle de leurs biens et de leurs actes. Marguerite-Marie trouva son réconfort dans la prière, et c’est alors qu’elle aurait eu ses premières visions de Jésus Christ. Il lui apparaissait d’habitude sur la croix ou lors de l’épisode de l’Ecce Homo et elle ne s’en étonnait pas, pensant que d’autres recevaient aussi ces visions.
Quand elle eut dix-sept ans, sa famille put récupérer son bien et sa mère lui confia son désir de l’établir dans le monde. Alors, bien que régulièrement meurtrie par les pénitences qu’elle s’imposait, elle commença à participer aux activités mondaines. Une nuit, alors qu’elle était revenue d’un bal, elle aurait eu une vision du Christ pendant une flagellation : il lui reprochait son infidélité après qu’il lui avait donné tant de preuves d’amour. Pendant le reste de sa vie, Marguerite-Marie pleura deux « fautes » qu’elle avait commises en ce temps-là : avoir porté quelques ornements et mis un masque au carnaval pour faire plaisir à ses frères.
Elle visita plusieurs couvents, et en entrant dans celui de la Visitation de Paray-le-Monial, une voix intérieure lui aurait dit : « C’est ici que je te veux ».
Le 25 mai 1671, à l’âge de 24 ans, elle entra au monastère et, en novembre 1672, elle prononça ses vœux perpétuels. De santé fragile, elle n’en continuait pas moins ses flagellations, ainsi que les macérations les plus extrêmes, voire les plus répugnantes, qu’elle mentionne elle-même dans ses Mémoires1.
Peu après son entrée au monastère, elle reçoit, d’après son propre témoignage, plusieurs apparitions privées du Christ. La plus célèbre de ces apparitions est celle de juin 1675 : Jésus lui aurait alors montré son cœur en disant : « Voilà ce Cœur qui a tant aimé les hommes, […] jusqu’à s’épuiser et se consommer pour leur témoigner son amour, et pour reconnaissance je ne reçois de la plupart que des ingratitudes… ». Une autre fois, il lui aurait dit : « Mon divin Cœur est […] passionné d’amour pour les hommes, et pour toi en particulier ». Dès lors, Marguerite-Marie a pensé avoir été investie de la mission d’établir une dévotion particulière envers le Sacré-Cœur.
Ces manifestations lui valurent d’être mal considérée par le reste des membres de la communauté, qui la traitaient de « visionnaire », au point que sa supérieure lui intima l’ordre de se plier à la vie commune. Cependant, son obéissance, son humilité et sa charité envers ceux qui la persécutaient finirent enfin par l’emporter et sa mission vint à être reconnue par ceux-là même qui lui avaient montré la plus forte opposition. Avec l’aide du Père Claude La Colombière, que Jésus lui aurait présenté comme son « vrai et parfait ami », Marguerite-Marie fera connaître le message que Jésus lui aurait adressé. C’est le début du culte du Sacré-Cœur. Inspirée par le Christ, Marguerite-Marie établit la pratique de l’Heure Sainte, qui pour elle consistait à prier, étendue par terre, le visage contre le sol depuis onze heures du soir jusqu’à minuit le premier jeudi de chaque mois, afin de partager la tristesse mortelle qu’avait supportée le Christ, quand il fut abandonné à son agonie par ses Apôtres, puis à recevoir le lendemain la Communion.
Le Christ lui aurait confié désirer que soit célébrée une fête en l’honneur de son Cœur le vendredi qui suit l’octave de la fête du Corps du Christ ; et il aurait appelé la sainte « disciple bien-aimée du Cœur Sacré » et héritière de tous Ses trésors. Au cours de sa dernière maladie, elle refusa tout soulagement, ne cessant de répéter : « Ce que j’ai dans le Ciel et ce que je désire sur la terre, c’est toi seul, ô mon Dieu », et elle mourut en prononçant le nom de Jésus.
Le procès en canonisation.
L’ouverture de l’enquête diocésaine en vue d’une béatification a lieu le 15 octobre 1714. La discussion au sujet de la mission et les vertus de Marguerite Marie se poursuit pendant des années. On soumet à l’examen la totalité de ses actions, de ses révélations, de ses maximes spirituelles et de son enseignement concernant la dévotion au Sacré Cœur, qu’elle avait exposé et dont elle était l’apôtre. Finalement la Sacrée Congrégation des Rites émet un vote favorable. Le 30 mars 1824, Léon XII la proclame Vénérable. Le 19 août 1864, à la suite de la reconnaissance par l’Eglise de trois miracles, le bref de béatification est signé sous le pontificat de Pie IX. La cérémonie de béatification a lieu le 18 septembre 1864 à Rome. Elle est canonisée par Benoît XV le 13 mai 1920.
Source : Wikipedia
Saint Claude la Colombière
Si Claude La Colombière a été canonisé en 1992, c’est parce qu’il a aujourd’hui quelque chose de particulier à nous apporter. Les liens entre le message de Jésus à Paray et Saint Claude sont essentiels : on ne peut en saisir la valeur sans se référer à ce qu’il a vécu ici à Paray-le-Monial, et on pourra dire que l’actualité de ce message ne se comprend pleinement qu’avec lui. Claude La Colombière fut envoyé par son provincial, François de Lachaise, en 1675, quelques jours après avoir prononcé ses vœux solennels, le jour des 34 ans, le 2 février.Il fut celui qui rassura Marguerite-Marie et sa supérieure sur l’authenticité de ce qu’elle vivait et le premier apôtre de la dévotion au Sacré-Cœur. Mais il y a plus que cela ; doué de qualités humaines et spirituelles exceptionnelles, ayant saisi et expérimenté la valeur éminente du message reçu par la religieuse visitandine et associé à sa divulgation, il en est aujourd’hui encore un témoin exceptionnel, qui nous offre de découvrir, par sa vie et ses écrits, une expérience vécue, accessible et lumineuse, bouleversante et actuelle, de l’amour passionné de Dieu pour chacun de nous, qui, lorsqu’il est accueilli avec une confiance à sa (dé)mesure, saisit et oriente radicalement notre être vers sa fin bienheureuse : « Si tu crois, tu verras la puissance de mon Cœur ».
« Etre à Dieu sans réserve »
Claude La Colombière est né le 2 février 1641 à Saint Symphorien d’Ozon dans le Dauphiné, au sein d’une famille profondément chrétienne : sur les cinq enfants qui survécurent, trois des quatre garçons devinrent prêtres et l’unique fille religieuse visitandine. Après avoir fait ses études à Lyon chez les Jésuites, Claude entra à 17 ans au noviciat de la Compagnie de Jésus à Avignon, pour répondre à l’appel de Dieu et lui appartenir « sans réserve », selon la devise de sa famille. Au terme de ses deux années de noviciat, son père maître fait état des qualités exceptionnelles du jeune profès : « Claude La Colombière a de très grands dons, un rare bon sens, une prudence remarquable, une expérience déjà assez développée ; il a pris un bon départ pour les études. Son tempérament est plein de douceur. Ses forces physiques sont délicates. Il est fait pour assumer toute tâche (Ad omnia factus) ». Témoignage du soin que l’on prit de sa formation, il fut envoyé par le Père Général à Paris pour faire ses études de théologie, et fut ainsi témoin des débuts de la controverse anti-janséniste. C’est là qu’il est ordonné prêtre le 6 avril 1669.
Le « fidèle serviteur et parfait ami » de Jésus-Christ
« Il me dit qu’il m’enverrait son fidèle serviteur et parfait ami qui m’apprendrait à le connaître et à m’abandonner à lui sans plus de résistance ». Telle est la promesse que le Christ fit à Marguerite-Marie, religieuse au couvent de la Visitation de Paray-le-Monial, alors qu’elle était en proie aux critiques et au doute concernant les visions et apparitions dont le Christ la gratifiait. Quelques temps plus tard, elle rencontrait notre jeune jésuite qui, avec un jugement sûr, reconnut immédiatement l’origine divine de ces manifestations.
En parcourant la vie de Claude La Colombière, on ne peut qu’être saisi par l’œuvre de la Providence qui prépara le « fidèle serviteur et parfait ami » du Christ à la mission particulière qui lui était destinée. Outre ses qualités humaines et spirituelles exceptionnelles, des événements singuliers et étonnants jalonnent le chemin de l’accomplissement d’une vocation qui est en fait celle à laquelle chacun de nous est appelé : la perfection dans l’amour à l’exemple du Christ, la sainteté. La sainteté, Claude l’a choisie comme but de sa vie, et il s’y est engagé « à quelque prix que ce soit », découvrant en même temps son incapacité radicale d’y parvenir par ses propres forces et la passion qui le guette : la « vaine gloire ». Pour avancer, il choisit avec bon sens le moyen que lui donne son état : il prononça un vœu particulier de fidélité sans réserve aux Règles et Constitutions de la Compagnie de Jésus.
Mais c’est à Paray-le-Monial que Claude découvre enfin le moyen d’atteindre ce à quoi il aspirait de tout son être : « être à Dieu sans réserve ». Faisant l’anamnèse de ce qu’il y a reçu, il écrit, au terme de la retraite qu’il effectua à Londres quelques semaines après avoir quitté la cité charolaise :
« Ce huitième jour, il me semble que j’ai trouvé un grand trésor, si j’en sais faire mon profit : c’est une ferme confiance en Dieu, fondée sur sa bonté infinie, sur l’expérience que j’ai qu’il ne nous manque point dans nos besoins… C’est pourquoi je suis résolu de ne donner point de bornes à ma confiance et de l’étendre à toutes choses. »
L’Offrande au Cœur Sacré de Jésus-Christ scellera cette découverte et l’orientera jusqu’à la fin de sa vie vers le don total en retour à l’amour premier de Dieu : « Il aime et il n’est point aimé… Pour réparation de tant d’outrages et de si cruelles ingratitudes…, je vous offre mon cœur…, je me donne tout entier à vous. »
Selon le propre témoignage de Marguerite-Marie : « Cette dévotion du Sacré-Cœur… l’a plus élevé en la gloire que tout ce qu’il avait pu faire au reste pendant tout le cours de sa vie. »
Les dernières années de sa vie seront marquées par les purifications passives, au moyen de la maladie, « une des plus grandes miséricordes que Dieu ait exercées envers moi », écrit Claude dans une de ses dernières lettres à Marguerite-Marie, qui aboutiront à l’offrande de sa volonté propre, à l’oubli de soi et au sacrifice final de sa vie.
L’apôtre du Cœur sacré de Jésus
Si le Père Claude aida Marguerite-Marie par ses précieux conseils, la sainte fut aussi pour lui la messagère de Jésus et lui transmettra les ordres et les désirs du Cœur de Jésus jusqu’au dernier moment de sa vie, et il en tira un grand profit.
De fait, Claude La Colombière fut associé par Jésus lui-même, dés son premier séjour à Paray-le-Monial, à la mission de la religieuse visitandine :
« Une fois que le Père Claude disait notre messe de communauté, Le Seigneur les combla de grâces ; et, comme elle s’approcha pour le recevoir par la sainte communion, il lui montra son sacré Cœur, comme une ardente fournaise, et deux autres cœurs qui s’y allaient abîmer, lui disant : « C’est ainsi que mon pur amour unit ces trois cœurs pour toujours. » Après, il lui fit entendre que cette union était toute pour la gloire de son sacré Cœur, dont il voulait qu’elle lui découvrît les trésors, afin qu’il en fît connaître et en publiât le prix et utilité. Et pour cela, il voulait qu’ils fussent comme frère et sœur, également partagé des biens spirituels » (témoignage des contemporaines).
Mettant en pratique immédiatement les demandes de Jésus à Marguerite-Marie, Claude n’hésita pas, convaincu de l’authenticité et de la valeur de cette dévotion, à la recommander aux personnes qu’il accompagnait : « Je l’ai déjà inspirée à bien des gens », écrit-il en février 1677 dans son journal de retraite. En Angleterre, il sera déjà considéré comme « l’apôtre du Cœur de Jésus ». « Quand je fus en sa présence, je crus avoir affaire à l’apôtre saint Jean revenu sur terre pour rallumer cet amour au feu du Cœur de Jésus » raconte saint John Wall, franciscain anglais traqué qui trouva réconfort une nuit auprès de lui, avant d’être martyrisé.
Il forma des disciples parmi les novices jésuites dont il eut la charge à Lyon en sa dernière année.
Pour accomplir cette œuvre, le divin Maitre utilisera ses qualités spirituelles et littéraires : Claude contribuera davantage au développement du culte du Cœur sacré de Jésus après sa mort par ses écrits que de son vivant par son apostolat. Dieu sait ce qu’il fait.
L’actualité de saint Claude
Claude La Colombière n’a vécu que peu de temps à Paray-le-Monial, environ 23 mois. Mais c’est ici qu’il rendit à Dieu son âme de feu, à la demande expresse du Seigneur. Et il y est toujours…
Mort en 1682 à Paray-le-Monial en réputation de sainteté, Claude La Colombière ne fut béatifié qu’après la canonisation de Marguerite-Marie, le 16 juin 1929, par le Pape Pie XI. Et il fut enfin canonisé par le pape Jean-Paul II le 31 mai 1992.
Le 5 octobre 1986, le pape Jean-Paul II vint prier à la chapelle La Colombière : « Au cours de mon pèlerinage à Paray-le-Monial, je désire venir prier dans la chapelle où est vénéré le tombeau du bienheureux Claude La Colombière. Il fut « le serviteur fidèle » que, dans son amour providentiel, le Seigneur a donné comme directeur spirituel à sainte Marguerite-Marie Alacoque. C’est ainsi qu’il fut amené, le premier, à diffuser son message. En peu d’années de vie religieuse et de ministère intense, il se révéla un « fils exemplaire » de la Compagnie de Jésus à laquelle, au témoignage de sainte Marguerite-Marie elle-même, le Christ avait confié la charge de répandre le culte de son Cœur divin » (Jean-Paul II, Lettre au Préposé général de la Compagnie de Jésus).
Et le 31 mai 1992, il déclarait : « Puisse la canonisation de Claude La Colombière être pour toute l’Eglise un appel à vivre la consécration au Cœur du Christ, consécration qui est don de soi pour laisser la charité du Christ nous animer, nous pardonner et nous entraîner dans son ardent désir d’ouvrir à tous nos frères les voies de la vérité et de la vie ! » (Homélie lors de la messe de canonisation).
Pour répondre à cet appel, mettons-nous à l’école de saint Claude, à l‘invitation de sa sœur Marguerite-Marie qui témoigne ainsi : « Le talent du Père de la Colombière est d’amener les âmes à Dieu ».
Aujourd’hui, nous redécouvrons la richesse de la personnalité et de la grâce donnée par Dieu au « fidèle serviteur et parfait ami » de son Fils.
Venant à Paray-le-Monial, puissiez-vous expérimenter la douceur de son amitié et entrer avec lui dans les richesses infinies du Cœur Sacré de Jésus.
Faisons notre cette prière, résumé de son acte de confiance en Dieu :
Mon Dieu,
Je suis si persuadé que tu veilles
sur ceux qui espèrent en Toi
et qu’on ne peut manquer de rien
quand on attend de Toi toute chose
que j’ai résolu de vivre désormais
sans aucun souci
et de me décharger sur Toi
de toutes mes inquiétudes.
Père Antoine BERGERET, chapelain des Sanctuaires de Paray-le-Monial
Lien Paray-le-Monial